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Albert Aoussine

Polemos & Pharmakon Tératologie du corps social africain (extrait)

27 Novembre 2016 , Rédigé par Albert Aoussine

 
Mais les véritables philosophes ont pour mission de commander et d’imposer la loi. Ils disent : « Cela doit être ainsi ! » Ils déterminent d’abord la direction et le pourquoi de l’homme et disposent pour cela du travail préparatoire de tous les ouvriers philosophiques, de tous les assujettisseurs du passé, — ils saisissent l’avenir d’une main créatrice, et tout ce qui est et a été leur sert de moyen, d’instrument, de marteau. Leur « recherche de la connaissance » est création, leur création est législation, leur volonté de vérité est… volonté de puissance. — Existe-t-il aujourd’hui de pareils philosophes ? Y eut-il jamais de pareils philosophes ? Ne faut-il pas qu’il y ait de pareils philosophes ?…
Nietzsche, Par-delà le bien et le mal
Bouffie d'orgueil, endémiquement apathique, compromise jusqu'au trognon dans toutes sortes d'inavouables fricotages, monnayant à coup de prébendes, de resquille et autres passe-droit sa disposition à servir d'alibi à des pratiques autocratiques de gouvernement, l'élite intellectuelle en tant que telle, altérée de prédation, victime consentante d'ambitions adventices, phagocytée par l'accélérateur des carrières qu'est le parti du Prince, par les fourches caudines duquel elle a dû se résigner à passer, ne s'est-t-elle pas, en tant que potentielle force agissante fourvoyée dans une trajectoire de sabordage de sa propre identité?
E.Mpoudi Ekwa, « Les élites intellectuelles africaines et la tentation du pouvoir : de la duplicité comme moyen, du sybaritisme comme fin ? »
 

Avant-propos

(…)Évaluer son temps, c’est ce par quoi s’ouvre une carrière de philosophe. C’est le signe par excellence de maturité, de maîtrise du logos... lequel invite à se prononcer sur les héritages avec ses propres lumières.
Polémos & Pharmakon poursuit le problème général de la santé du peuple noir, par le(s) moyen(s) de la guerre. La philosophie est un art martial, une polémologie, dans cet essai. L’on pourrait de bon droit ranger l’essentiel de cette contribution, dans la même lignée historique initiée par L’école cynique, dont le plus éminent représentant n’est autre que le fameux Diogène de Sinope (413 av. J.-C. —327 av. J.-C.), pour qui la philosophie se veut à tout le moins féroce. Des siècles plus tard, Nietzsche (1844—1900) va s’activer à recueillir, préserver et renouveler le style féroce. C'est ce qui se donne clairement à entendre au travers du titre de son ouvrage : Crépuscule des idoles ou Comment philosopher avec un marteau. À la suite de Nietzsche, le philosophe roumain Emil Cioran (1911—1995), plus proche de nous, chronologiquement, mettra en valeur ce philosopher-guerrier, avant de nous passer, pour ainsi dire le flambeau...
Ainsi donc, au cours de cette aventure philosophique révolutionnaire, chaque idole, du haut de son piédestal, sera soumise à rude épreuve, aux engrenages de l'appareil critique de la philosophie féroce[1] : Redoutable arme de guerre contre les idoles, les autorités, les impostures, les affabulations, les vérités.
L’on pourrait d’ailleurs de bon droit, lire au choix chacun des textes ici rassemblés, suivant son tempérament, son caprice propre, ou même si l’on préfère à l’envers: de X à A. Car, à la vérité ce qui se dévoile, se donne à lire à travers les courbures plurielles de notre écriture, dessine encore son tissu dialectique : sa toile reste encore vierge par endroit. En un mot, la lettre Z est encore hors de portée.
La dynamique du bien-être, du mieux-être, de la santé (Pharmakon = remède) ne pouvant se faire (s’instaurer) sans un certain acharnement thérapeutique, notre intrépidité se verra par conséquent, démultipliée proportionnellement en fonction des cas auxquels l’on aura à faire… notre logos-solaire se verra souvent marqué par un savant mélange de violence révolutionnaire. D’ailleurs, la philosophie de l’histoire nous donne à comprendre avec force arguments combien il en faut du caractère pour faire tourner les roues de l’histoire : la virtù (Machiavel), le conatus (Spinoza), la passion (Hegel), la volonté de puissance (Nietzsche)...
Au demeurant, au sortir de cette grande guerre, la santé se fera jour, quitte à euthanasier les idoles (Pharmakon = tout aussi poison[2]). En médecin-philosophe, nous ferons un usage exhaustif du Pharmakon.
                        Albert Aoussine                     
                     Kharkov, le 05/11/2016
 
[1] On l’aura compris, à travers l’usage que je fais de l’expression la philosophie féroce, il faut entendre non pas un courant philosophique, mais plutôt un style, une manière de philosopher virile, incisive, pleine de fougue, de jubilation, de colères salvatrices… chaque auteur usant de ce style y va de sa touche personnelle, l’enrichit de nuances subtiles, le réinvente pour mieux dire, assurant ainsi sa pérennité. L’expression la philosophie féroce est une invention du sublime poète Arthur Rimbaud. Mais l’idée de philosophie féroce est antérieure à ce dernier, en témoigne La Vraie Philosophie(1783) de Elie Harel, où l’on découvre ces mots assez explicites « une philosophie féroce ». En ce siècle, l’expression la philosophie féroce sera reprise et adaptée au contexte philosophique, par l’auteur du Traité d'athéologie.
[2] Cf. La pharmacie de Platon Le récit de la genèse de ce texte, ou si l’on préfère son prétexte, son impulsion de départ ou moteur, remonte à l’amicale et fraternelle proposition d’il y a quelques années du panafricaniste ivoirien MATHIEU GROBLI (Seouty Khepri), qui nourrissait alors le désir de coordonner la production d’un ouvrage collectif sur le thème général de LA RENAISSANCE AFRICAINE. Malheureusement le projet ne prit jamais corps… Qu’il en soit ici remercié!
 
PANSER L’AFRIQUE
Le devoir qui m'incite à tenir la plume d'une main ferme en ce jour, se veut proprement révolutionnaire et ce, de part en part. Ce mot de révolution suppose en son principe même, le renversement et/ou dépassement d'un ordre établi, au profit d'un ordre nouveau qui le surpasserait qualitativement et durablement en faisant l’économie de ses tares. Les essais philosophiques sur l’Afrique on en trouve un certain nombre, mais très souvent ils manquent pour l’essentiel, et de pertinence, d’historicité, en un mot, d’originalité. C’est la raison pour laquelle, l’une des exigences de notre réflexion consistera précisément, entre autres, à relever au mieux ce défi.
Pour ce qui est de l'Afrique, il semble que la doctrine du Panafricanisme soit devenue le courant d’idée fédérateur, le plus performant, le paradigme dominant – ce à partir de quoi – s'envisagent toute réflexion sur (ce que l'on nomme communément) la re-naissance, et le développement du continent. Ceci dit, toute élaboration conceptuelle/intellectuelle (theoria), socio-politique ou révolutionnaire (praxis), qui n'intègre pas cette exigence historique nouvelle, ne pourrait qu'être pure chimère, fausse conscience de la réalité.
De toute évidence, mener une réflexion dans une œuvre collective nécessite en soi, une démarche dialectique toute particulière : être précis et concis, se frayer notamment un axe idéel principal, à partir duquel on se propose d’examiner au mieux, une problématique centrale… L'ensemble de l'effort de réflexion devra tenir en une proposition à même de susciter des répercussions positives en chaîne dans tous les domaines. Autrement dit, son rôle majeur consisterait en la création d'un cercle vertueux, et satisferait par là même, la quête holistique hautement visée en cette méditation : car la révolution est une, mais ses impacts sont pluriels.
À la question donc de savoir ce qui dans l'avènement de la re-naissance africaine est premier, fondamental, correspondant à l'ordre des priorités, notre réponse est formelle, et sans repentance : La libération des consciences.
Polemos & Pharmakon Tératologie du corps social africain (extrait)
Polemos & Pharmakon Tératologie du corps social africain (extrait)
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